France 3 vous propose une émission spéciale pour célébrer notre patrimoine. Il y a 20 ans, l’UNESCO via son Comité du patrimoine mondial a classé le Val de Loire dans la catégorie « paysage exceptionnel aux valeurs universelles ».
Un déclic venu du Laos
"Cette idée de classer la Loire, je l’ai eu au milieu des années 90 en allant à Luang Prabang", nous a révélé Yves Dauge. L’ancien maire socialiste de Chinon, ingénieur et urbaniste, était en mission pour l’UNESCO dans la ville laotienne qui est traversée par le fleuve Mékong. Cette idée de classer un paysage fluvial n’avait jamais été réalisée.
C’est la première fois qu’un paysage fluvial était classé.
Une voix de plus aurait suffit
Le diplomate a mené la délégation française lors des deux campagnes de candidature et pour lui se fut "la bataille de la Loire".
À Marrakech en 1999, ce devait être une formalité. Mais un représentant finlandais bientôt rejoint par un délégué grec dénoncent la présence d’une centrale nucléaire que la France aurait voulu cacher. "C’est absolument faux, tout était dans notre dossier. Les experts de l’organisme indépendant ICOMOS l’avaient même validé avant la réunion". Jean Musitelli dénonce alors un procès d’intention.
Il refuse de différer la candidature du Val de Loire d’autant qu’il confirme que le dossier respectait les orientations de la convention qui souligne noir sur blanc qu’un paysage culturel "exprime l’interaction humaine avec l’environnement". Ce concept d’évolution du paysage n’était visiblement pas le même pour tous. Le vote donne 12 voix à la France. Il en fallait 13.
De retour à Paris, un conseil de guerre est mis sur pied pour répondre point par point à toutes les tergiversations exprimées par le comité plus ou moins explicitement. Patrice Magnier, à l’époque Préfet de la Région Centre, collabore activement.
Au printemps 2000, le rapport est prêt et une fois encore les experts d’ICOMOS le valident.
Une victoire à l’arrachée
En juin, le comité se réunit avec un président fraichement nommé et rebelote, ça coince, mais selon Jean Musitelli la raison reste floue. "J’ai demandé au comité du patrimoine mondial de prendre ses responsabilités et de dire clairement si c’était la centrale nucléaire qui posait problème", un huit clos est organisé et finalement le comité demande à la France de retirer la centrale de la zone concernée.
Matignon est alors consulté et la décision est actée. La centrale de Saint Laurent des Eaux est retirée, mais Chambord, bien que déjà classé, est ajouté au périmètre.
En décembre 2000 à Cairns en Australie, le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO saluera unanimement les efforts de la France et classera le Val de Loire.
Sans rancune, mais…
L’été suivant, Jean Musitelli invite l’ensemble des membres du comité à visiter le Val de Loire. Il fait arrêter le bus de la délégation de l’UNESCO à proximité de la centrale de Saint Laurent, car il tient à expliquer à toutes et tous que les deux tours de refroidissement ont été limitées à 120 mètres de haut pour ne pas être visibles depuis le château de Chambord. Il avoue avoir savouré ce moment.
► Pour célébrer ce 20ème anniversaire du classement du Val de Loire au Patrimoine mondial de l’UNESCO, France 3 Centre-Val de Loire vous donne rendez-vous le samedi 30 janvier à 11h30 depuis le château de Langeais pour une émission spéciale présentée par Laurent Debesse.
Dans cette émission, nous parlerons de ce classement, avec des anecdotes, des petites histoires ... et nous dégusterons un gâteau fabriqué avec 100% de produits locaux. Les invités :
- François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire
- Jean-Michel Marchand, ancien Maire de Saumur
- Isabelle Anatole-Gabriel, cheffe Unité Europe & Amérique du Nord à l'UNESCO
- Thierry Bouvet, pêcheur professionnel sur la Loire
- Amélie Delaunay, responsable communication du château de Langeais
- Nicolas Gaulandeau, chef cuisinier au château du Rivau
L'émission est disponible ci-dessous en replay :